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Le casse-tête de la protection santé au Texas

Des amis qui m’accueillent au Texas ont fait un voyage à Paris, il y a quelques années. Un tourniquet du métro avait ouvert l’arcade de l’une d’entre eux. En quelques heures, tout était réglé grâce aux bons soins du personnel hospitalier de l’Hôtel-Dieu, à deux pas de Notre-Dame. Des soins très peu coûteux, qui ont tant surpris mes hôtes qu’à chacun de mes passages, le sujet revient sur le tapis.La France est appréciée pour son excellent système de soins, surtout en comparaison avec le Texas… Ils ont d’ailleurs entre temps reçu la facture de l’Hôtel-Dieu, qu’ils ont réglé rubis sur l’ongle tant elle était faible.

Lorsque j’y suis retourné le mois dernier, une facture de 12 000 dollars attendait d’être payée pour une opération planifiée le mois précédent. Mes hôtes bénéficient d’une assurance santé, mais hélas, l’anesthésiste était «hors réseau», donc n’est pas pris en charge par l’assurance. Un coût surprise qui arrive également aux urgences. Le 30 novembre, le Dallas Morning News faisait sa une sur ces coûts inattendus. Une visite sur cinq aux urgences au niveau national n’est pas prise en charge par l’assurance parce que le médecin est hors-réseau. «Les consommateurs n’ont pas le choix, ne sont pas informés des coûts à l’avance et ne peuvent pas les éviter», expliquent deux économistes dans une étude de la revue New England Journal of Medicine. En attendant une éventuelle loi pour atténuer le problème, le Texas permet à ses citoyens les plus défavorisés peuvent se faire aider pour régler ces factures inattendues. Pour autant qu’ils soient au courant de l’existence de ces aides.

Autour de la table, pour le dîner de Thanksgiving, il y avait un couple un brin plus «sauvage», correspondant beaucoup plus au cliché que se font les Français sur les habitants du Texas. Hors de question pour eux de payer une assurance santé, ils ont une santé de fer et un peu d’argent. Et, lorsqu’ils doivent se rendre à l’hôpital, ils ont une astuce pour faire baisser la facture : ils signalent qu’ils n’ont pas d’assurance. La réduction, qui peut atteindre 50% de la facture, est la conjonction de deux facteurs. Le premier, l’hôpital ne va pas chercher à faire artificiellement grimper la facture en étant sûr d’être remboursé par une mutuelle. Le second, l’hôpital dépense beaucoup moins d’argent à régler les problèmes d’assurance santé. Car avoir une multitude de mutuelles, assurances, Medicare demande un impressionnant travail dans les départements comptables des hôpitaux, des paiements décalés, des personnes à payer en plus.

C’est un système santé complexe – dont seuls les plus favorisés arrivent à se dépêtrer – mais qui assure à chaque convive une anecdote lors des repas de famille. J’ai repensé à tout ça ce matin, en lisant les différentes propositions de François Fillon sur la sécurité sociale. Le candidat de la droite, qui a annoncé préciser ses propositions prochainement, souhaite concentrer les remboursements de la Sécu sur les affections graves ou de longue durée, sans que celles-ci ne soient encore détaillées. La prise en charge du reste serait effectuée par les mutuelles. Les plus défavorisés, continueraient à être pris en charge à 100%. Au passage, il supprime l’aide médicale d’État, la remplaçant par une dispense de soins sur les maladies graves ou contagieuses.

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