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L’ombre d’Hulot plane

L’une des vedettes de ces JdE, c’est sans contexte Nicolas Hulot, le perdant le la primaire. La presse aime entretenir la liste des invités et relate la non-venue de l’animateur. Il en joue lui-même en ayant hésité puis en ne venant finalement pas.

Dans les rues de Clermont-Ferrand, les militants se tancent encore. On se souvient très bien de qui soutenait Hulot, et on n’hésite pas à les taquiner. Les gens se déplacent en groupe. « Fais gaffe, il y a des jolyistes« . D’autres militants tentent d’expliquer pourquoi ils ont soutenu Hulot. « Des histoires compliquées, je t’expliquerais, mais bon. Sache que j’aurais soutenu Eva, si je n’avais pas… Enfin, si vous avez besoin d’aide. »

Libération sort, la veille de ces JdE, les notes d’un proche collaborateur d’Hulot pendant la campagne. Quelques points intéressants qui dévoilent leur naïveté face à des politiques plus aguerris face à la presse et prêts à la bagarre.

On découvre un Nicolas Hulot essayant de concilier son passé d’animateur avec sa vie de candidat. On nous le raconte semant les journalistes pour monter voir Jacques Chirac dans ses bureaux. Ou encore, beau joueur face aux attaques des membres de la campagne d’Eva Joly, ne souhaitant pas répondre, parce qu’il « fait de la politique autrement« .

On peut remarquer un passage notamment sur l’information en ligne, qui, souhaitant être la plus proche possible de l’information, ne couvrirait que les début d’événements, décevant le collaborateur :

Liberation.fr en fera d’ailleurs un article, qui paraîtra moins d’une demi-heure après la manifestation, qui ne relatera que cette première bousculade et qui donnera donc une impression très négative de ce premier déplacement. Les nouvelles contraintes imposées par l’info sur le net, notamment l’immédiateté absolue de l’info sont parfois peu compatibles avec la vérité.

D’autres anecdotes sur ces politiques qui alimentent la presse. L’e-book s’attarde sur François de Rugy, député écologiste qui aurait relaté tous les détails « privés » de son entrevue avec Hulot au Canard Enchaîné. « Si j’avais su que c’était un livre pour dire du mal de Rugy, j’aurais signé aussi » plaisante un militant.

Une autre histoire, celle de la ceinture abdominale, confiée à Jean-Vincent Placé lors d’un voyage en train, sous le sceau du secret, qui se retrouve quelques jours plus tard dans Match et le Canard. Ou sur les documentaires qui sortiront le lendemain du second tour, filmant la réalité, qu’il découvre biaisée par son auto-censure.

J’essaie de sourire, notamment parce que les caméras des équipes de Serge Moati filment tout, ce qui montre bien d’ailleurs que ce n’est jamais la réalité parfaite que les documentaires sur la politique nous révèlent. Parce que si la caméra n’avait pas été là, je n’aurai pas souri du tout.

Tout au long du texte, une naïveté sur la fonction politique, le statut de candidat. Où d’un côté il déclare que n’importe qui devrait pouvoir le faire, qu’on ne devrait pas en faire son métier, qu’il s’agit de défendre seulement ses idées et pas son poste. Et de l’autre, il découvre ce que doit être un homme politique :

Homme politique et avocat, c’est la même chose : tu tentes de convaincre sans y arriver, et tu t’opposes coûte que coûte aux arguments de la partie adverse (du parti adverse), quitte à y mettre une forte dose de mauvaise foi.

Ou encore, quelques lignes plus tard, lorsque, s’entraînant à une interview d’entre-deux tours, Nicolas Hulot n’arrive pas à promettre son soutien à Eva Joly :

Comme d’habitude, Nicolas dit tout simplement la vérité. Je lui demande, pour une fois, d’essayer de mentir un peu, comme le font si bien et si souvent les hommes politiques classiques.

Mathieu Orphelin joue lui-même avec ces non-événements, puisque le dernier chapitre de son livre est consacré à la décision de Nicolas Hulot de ne pas aller à Clermont-Ferrand.

Pendant ce temps, le Figaro sort des belles cartes de France pour montrer que EELV pourrait « faire peur au Parti Socialiste » et a perdu une occasion de gagner en ne choisissant pas Nicolas Hulot, « choix des sympathisants, selon les sondages« . L’équipe de com’ des JdE se déchaîne pour Eva Joly avec une mosaïque des résultats de la recherche « lunettes rouges » trouvés sur Fotolia.

Quant à la vie à Clermont, une lecture attentive de La Montagne ne nous a pas renseigné sur les JdE. Mais en revanche, on connaît la tactique pour attirer des spectateurs au basket. PEDOBEAR SEAL OF APPROVAL.

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