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🔍 EnquĂȘter sur les algorithmes

Durant la confĂ©rence Dataharvest, qui s’est dĂ©roulĂ© du 18 au 20 mai Ă  Bruxelles, une partie des Ă©changes s’est concentrĂ©e sur «les algorithmes». On a dĂ©jĂ  parlĂ© ici de tout ça, avec notamment quelques recommandations de lecture. «Les algorithmes», c’est un mot fourre-tout pour parler de l’analyse de masse de grand nombre de donnĂ©es, la prise de dĂ©cision Ă  partir de ces analyses, automatisĂ©e ou non, ainsi que l’apprentissage des mĂȘmes logiciels Ă  partir des dĂ©cisions prĂ©cĂ©dentes, et des nouvelles donnĂ©es.

Les algorithmes prennent de plus en plus de place dans la sphĂšre publique. Ils prennent des dĂ©cisions d’affectation pour les lycĂ©es, participent de la dĂ©cision d’amĂ©nagement de peine dans certains Ă©tat amĂ©ricains, calculent les impĂŽts
 Nicholas Diakopoulos Ă©tait invitĂ© de la confĂ©rence pour Ă©voquer son travail autour des algorithmes. Il travaille Ă  l’UniversitĂ© du Maryland et a focalisĂ© une partie de ses recherches sur la questions des algorithmes et la maniĂšre dont les journalistes peuvent enquĂȘter dessus.

De multiples angles journalistiques sont Ă  trouver dans les algorithmes : une discrimination, une injustice dans la dĂ©cision, des erreurs qui empĂȘchent le service de fonctionner, une censure possible, des prĂ©dictions erronĂ©es, un problĂšme avec la vie privĂ©e ou autres infractions. Tout ça, Ă  coup d’ingĂ©nierie renversĂ©e, d’enquĂȘtes sur les concernĂ©s par les dĂ©cisions de l’algorithmes ou de simulation.

Code source et simulations

On peut citer l’exemple de ProPublica. Julia Angwin et ses collĂšgues ont enquĂȘtĂ© sur l’aide Ă  la dĂ©cision concernant les remises de peine sur la prĂ©vention de la rĂ©cidive. L’algorithme dĂ©favorise les personnes noires. On peut aussi Ă©voquer l’algorithme d’Admission post-bac, dont une partie du code source a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ© aprĂšs une longue bataille de l’association Droit des lycĂ©es Ă  coup de demandes CADA. L’étude du code source avait mis en lumiĂšre le traitement de faveur accordĂ© aux lycĂ©ens inscrits Ă  l’étranger.

Pour aider les journalistes Ă  faire leur marchĂ© et voir ce qui existait, Diakopoulos a rassemblĂ© de nombreux algorithmes utilisĂ©s par les diffĂ©rentes administrations aux États-Unis sur un seul site : algorithmtips.org. Le site devrait s’ouvrir Ă  d’autres pays prochainement. Laura Motet, journaliste au Monde, revient sur le contenu de la confĂ©rence de Nicholas Diakopoulos.

En France, la loi NumĂ©rique, votĂ©e l’an dernier va permettre de faire quelques avancĂ©es sur le sujet. Un de ses articles prĂ©voit que les citoyens soient informĂ©s de toutes les dĂ©cisions de l’administration le concernant sont issues d’un algorithme. Les donnĂ©es utilisĂ©es et les rĂšgles de fonctionnement doivent Ă©galement ĂȘtre communicables. Selon une fiche d’impact accompagnant  le dĂ©cret, les services du gouvernement estiment qu’il y aurait une centaine d’algorithmes concernĂ©s. A leur liste, on peut ajouter quelques oublis, comme les systĂšmes attribuant des places en crĂšches ou gĂ©rant l’affectation des enseignants, entre autres. Tout ça pourra commencer Ă  ĂȘtre explorĂ© Ă  partir du 1er septembre.

Le travail journalistique sur les algorithmes devient, on l’a vu, une nĂ©cessitĂ© alors qu’ils prennent de plus en plus de place. Les rĂ©dactions doivent s’ouvrir Ă  la collaboration avec des statisticiens ou informaticiens Ă  mĂȘme de comprendre les consĂ©quences de ces logiciels dans toujours plus de dĂ©cisions concernant tout le monde.

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