On va arrêter de tout mettre sur le dos des autres. Les fake news, c’est d’abord nous et notre volonté d’être reconnu. Ne parlons que de Twitter aujourd’hui. Et pensons à plusieurs exemples très récents.
- Dimanche, un journaliste berlinois d’origine française fait une blague, poste une photo du Berghain avec une file d’attente et dit que la file d’attente est longue pour les élections. [màj Me tweet incriminé ne parlait pas de l’ambassade comme précédemment écrit mais était plus subtil] Je ne connais pas le Berghain, et quelques autres non plus puisque son tweet fut repris au premier degré notamment par BFM. Et ce à son plus grand amusement. Il a répondu quelques minutes plus tard qu’ils s’agissait «bien évidemment» du Berghain. [màj Précision : plusieurs minutes après la reprise par BFM, il avait supprimé le premier tweet.]
- Mardi, des utilisateurs parisiens de Twitter découvrent que des affiches anti-avortement ont été posées dans les rames. Photos, indignation. «Comment la RATP peut-elle laisser faire ça ?» Découvrant le vandalisme, la RATP signale qu’elle n’a rien autorisé, qu’elle a porté plainte et que les affiches sont retirées. Entre temps, les tweets continuent d’être partagés, faisant au passage une publicité inespérée pour ces quelques affiches posées. La RATP a pris soin de répondre à de nombreux utilisateurs que rien n’était autorisé.
- Mercredi soir, Caroline de Haas participe à une émission de Mediapart. Elle explique au cours d’un long débat que chacun doit faire son propre cheminement pour le second tour et que l’argument du «moins pire» ne tient pas pour elle, qu’elle votera Macron pour d’autres raisons. Mediapart partage sur Twitter une seule phrase : «Il m’est impossible d’accepter que Emmanuel Macron, c’est moins pire que quelque chose d’autre». Rapidement, des indélicats, n’ayant pas regardé le débat s’indignent. Le tweet est plusieurs fois partagé, parfois par des responsables politiques. Caroline de Haas reçoit un torrent d’injonctions, d’accusations d’irresponsabilité. Elle est obligée de rappeler qu’elle a appelé à voter Macron dès le lendemain du premier tour. Mediapart prend le temps de refaire un tweet signalant qu’il faut voir le débat en entier.
Des exemples, on peut en trouver plein. Une journaliste du Monde qui commente en direct le débat entre les candidats et qui tweete quelque chose qui est faux une seconde après que son tweet est publié ; à savoir qu’un candidat n’a pas abordé un sujet, alors qu’il y a accordé plusieurs minutes. Une reprise imprécise de propos tenu lors d’une interview de François Fillon sur Bachar el-Assad. Et je pourrais sûrement en trouver parmi ma propre production.
A chaque fois, les gens ne suppriment pas leurs tweets. Sûrement que les RT et les likes sont plus plaisant que rien du tout, qu’un tas de notifications et un reach de fou permettent de se rassurer sur sa valeur. Et puis, !ça casserait le thread. Et c’est suspect, non ? Les gens ressortent des captures d’écran criant à la censure. Mais les réponses au tweet, les précisions ajoutées ensuite, n’auront jamais autant de partage que le tweet originel. Et donc le plus simple serait quand même de supprimer le tweet en question, à partir du moment où il contient quelque chose de faux, ou s’il est mal interprété par un grand nombre de gens. Autrement, les fake news, c’est nous.
Bordel, supprimons nos tweets.