Yahoo! n’a pas beaucoup communiqué sur cet évènement, c’est le moins qu’on puisse dire, puisque même les premiers concernés n’étaient pas au courant. « Je suis étonné de ne pas avoir reçu de message de Yahoo-Geocities me prévenant de l’arrêt » s’inquiète ainsi un ancien utilisateur qui a tout de même eu le temps d’aspirer le contenu de son site avant la fermeture. GeoCities l’annonce laconiquement sur sa page d’accueil, GEOCITIES IS CLOSING ON OCTOBER 26, 2009. GeoCities, ouvert en 1994, était un hébergeur gratuit. En échange de quelques publicités, l’utilisateur pouvait proposer un site de bonne qualité pour l’époque.
GeoCities restait depuis une référence sur Internet pour ses design affreux, ses gif animés et la pauvre qualité de son code html.
GeoCities semblait clairement répondre à un besoin puisque très vite après l’ouverture, en juin 1995, des quartiers s’y créent avec des thématiques particulières et forcément militantes à cette époque. WestHollywood, du nom du plus grand « gay village » des États-Unis, quartier de la communauté LGBT, est par exemple un des premiers à apparaître. Sur son ancien site, Let It Bi, sur la bisexualité, le webmestre expliquait : « j’avais choisi GeoCities parce que c’était un hébergeur communautaire, basé sur la notion de quartier« . Plus généralement, dès qu’on offre un espace de liberté, de free-speech, les gens s’y engouffrent, pressés d’y faire entendre leur voix.
On ne peut donc que saluer l’action de l’Archive Team, de Internet Archaeology ou encore archive.org qui ont tenté de capturer le plus grand nombre de cette immense planète qu’était GeoCities. L’Archive Team a notamment réussi, dans le cadre d’un GeoCities Project, à obtenir et à établir une liste des URL de nombreux sites de GeoCities, archive.org ne pouvant aspirer les sites qu’en ayant ceux-ci. Et Yahoo! ne voulait pas les donner, prétextant qu’il s’agissait là d’élément de la vie privée, puisque certains utilisateurs faisaient des sites qui n’étaient jamais liés ailleurs et réservés à leur famille ou au stockage. Jason Scott ne mâche pas ses mots à ce sujet. S’adressant aux dirigeants de Yahoo! il déclare : « Les gens vont être putain d’énervés quand ils verront que vous leur avez mis hors ligne leur contenu, que vous l’avez supprimé. […] Ils voudront que vous leur rendiez leur contenu. […] Je pourrais dire quelque chose comme « je pense que vous savez ce que vous faites », mais je suis certain que vous aller me répondre « bla bla bla aucun profit bla bla » puis que vos yeux vont se lever et vous allez me demander d’arrêter de me plaindre. » Jason Scott explique ensuite qu’il est obligé de se lancer dans l’hébergement pour proposer aux anciens utilisateurs un miroir de leur site GeoCities et qu’il ne va pas cesser de répéter à quel point les dirigeants sont d’avoir fermé ce service avant de terminer, et je partage ce cri, par « I hate you« .
3 réponses sur « De la cyber-archéologie et de GeoCities »
Les copies de sauvegarde personnelles relèvent de l’utilisateur; en d’autres mots, VOUS êtes responsables de VOS backups. C’est encore plus vrai avec un service gratuit qui a plus ou moins d’obligations envers ses utilisateurs. Je ne connais pas les termes d’utilisation de Geocities mais il y a fort à parier qu’ils s’étaient dégagés de toute responsabilité par rapport à la conservation des données advenant une erreur du système.
Je n’étais pas membre de Geocities, je ne me tiens vraiment pas beaucoup à l’affût des nouvelles du web et pourtant je savais depuis déjà des mois que Geocities allait fermer; la rumeur s’est répandu très rapidement à travers Facebook et Twitter. Cela me semble quelque chose d’important à surveiller pour un utilisateur qui tient tant que cela à son contenu.
Par ailleurs, j’invite les utilisateurs lésés à utiliser le service Wayback Machine de Archive.org, qui permet de consulter des copies archivées d’une très grande quantité de sites à plusieurs époques; il y a fort à parier qu’ils puissent récupérer le contenu de leur site par là. Sinon… c’est toujours bon pour une bonne bordée de nostalgie de pouvoir revoir les anciennes versions de son site!
http://www.archive.org/web/web.php
… Désolé, je n’avais pas vu le bout concernant Yahoo qui n’a pas voulu donner les URLs de ses sites à archive.org.
[…] rien. Mais il manque les commentaires, il manque la navigation. Il manque le reste. En 2009, Yahoo! avait de la même manière fermé Geocities, immense plate-forme d’hébergement gratuit, qui hébergeait une grande part de l’Internet vernaculaire. Vernaculaire qui avait […]