Le ministère de l’éducation nationale a été condamné en juillet 2022 à publier les indicateurs de position sociale (IPS) pour les écoles primaires et les collèges, à la suite d’un recours que j’avais déposé, comme je l’avais déjà raconté ici. Ces indicateurs ont été mis en ligne (ici et là) le 13 octobre, et ont, depuis, été utilisés par de nombreux journalistes et chercheur·ses.
Un intérêt général
Depuis la publication, j’ai eu de nombreux contacts montrant l’importance de cette publication. Des parents d’élèves ont utilisé les IPS pour contester l’accompagnement de leur collège. Une psychologue scolaire m’a expliqué pouvoir enfin mieux appréhender l’environnement social des élèves qu’elle suit grâce à ces indicateurs. Une maire a découvert que son école rurale était faiblement classée et s’interrogeait sur les aides accessibles…
De nombreuses réutilisations
Ces indicateurs ont été exploités par de nombreux médias, dont le Monde, la Gazette des communes ou le Parisien, et notamment dans la presse régionale – Ouest-France, Sud Ouest, la Voix du Nord, etc. Preuve, s’il en est besoin, que leur publication a de l’intérêt.
Les IPS ont également été analysés par deux chercheurs, Hugo Botton et Youssef Souidi, qui ont croisé ces données avec la localisation des collèges pour identifier les endroits où deux collèges opposés en matière de positionnement social sont très proches.
Une transparence limitée
Le ministre de l’éducation nationale s’est plusieurs fois vanté de l’effort de transparence de son ministère, notamment sur le plateau de Quotidien. Deux choses montrent que ces efforts sont limités : le ministère s’est borné à publier les indicateurs que j’avais demandé.
Rien ne l’a été sur les lycées ou les écoles maternelles. Aucun élément supplémentaire permettant de comprendre ces indicateurs n’ont été publié non plus, que ce soit la dispersion de cet indice ou un historique. Les IPS pour les lycées ont été demandés notamment par le syndicat Sud Education. Affaire à suivre.
Les coulisses de l’IPS
Quelques questions restent en suspens : le ministère a annoncé qu’il publierait chaque année les IPS recalculés. Peu d’articles se sont penchés sur la manière dont l’indicateur est calculé, ainsi que sur ses forces et ses faiblesses.
Ainsi, l’IPS est réalisé grâce aux questionnaires sur les professions des parents que les élèves remplissent à chaque rentrée, en leur attribuant un score. Ensuite, l’IPS est moyenné par classe et par établissement. Des professions inconnues entraînent un IPS bas pour l’élève. Un recueil systématique des professions peut ainsi remonter l’IPS d’un établissement sans que la population n’ait changé.
On sait que la publication d’un indicateur peut aussi modifier les comportements, et donc in fine modifier l’indicateur. Les suites de la publication de celui-ci seront donc intéressantes à suivre.