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Le billet perdu de Pierre Assouline

Quand on raconte que Jacques Attali devient gratuit (en citant son nouveau blog), on n’a pas pris le temps de vérifier l’information. C’est ce qui arrive à Pierre Assouline, qui a depuis retiré de son blog le billet suivant qui apparaît dans mon agrégateur RSS. Je vous le recopie ici puisqu’il est introuvable en ligne.

Tout Attali gratuit !

Qu’on se le dise : l’intégralité de la cinquantaine de livres publiés en librairie depuis 1973 (Analyse économique de la vie politique) par l’essayiste-romancier-biographe-mémorialiste-dramaturge-rapporteur Jacques Attali est désormais disponible gratuitement en Pdf ainsi que sur les réseaux P2P. Avant de hausser les épaules, du moins pour cerains d’entre vous, en jurant que même pour rien vous n’en voulez pas, penchez-vous sur la chose car l’initiative vaut qu’on s’y arrête. Elle est née en fait non d’un projet longuement mûri mais de la réaction de l’auteur à la polémique déclenchée sur son ancien blog de L’Express (il blogue désormais chez Slate) par un billet du 9 mars dénoncant “Une loi scandaleuse et ridicule”. Celle réprimant le téléchargement gratuit de musiques ou de films. Il juge ce projet de loi absurde car selon lui le cryptage vain et illusoire, et dangereux car il accentue la surveillance des pouvoirs sur les internautes. Et le sacro-saint droit d’auteur ?

“A la fin du 18ème siècle, les lois sur les droits d’auteurs ont été écrites pour protéger les créateurs contre les marchands. Au milieu du 19ème siècle, telle fut aussi la raison d’etre des premières sociétés d’auteurs . Voilà qu’on prétend les utiliser pour protéger les marchands contre les créateurs ! Pire même, voilà qu’on prétend transformer les artistes en une avant-garde d’une police de l’Internet où sombrerait la démocratie. Cette loi sera sans doute votée, parce qu’elle est le pitoyable résultat d’une connivence passagère entre des hommes politiques, de gauche comme de droite, toujours soucieux de s’attirer les bonnes grâces d’artistes vieillissants et des chefs d’entreprises bien contents de protéger leurs profits sans rien changer à leurs habitudes”.

Le reste du billet étant de la même encre, on peut au moins lui reconnaître un certain courage dans la franchise. D’autant qu’il n’a pas vraiment habitué tant ses lecteurs que ses clients à ce type de discours. Si on veut y déceler des traces de démahogie jeuniste, elle ne sert pas ses intérêts traditionnels. Alors ? Des 164 commentaires qui ont suivi son billet, l’un notamment signé Timo et posté le 11 mars à 0h49, l’a poussé à réagir ainsi en livrant son oeuvre à tous en ligne et pour rien. Il est vrai qu’il s’achevait par ces mots :

“Je suis un musicien indépendant, je me produis par mes propres moyens, je ne suis aidé par aucune multinationale, et le jour où vous DONNEREZ l’integralité de vos livres gratuitement, alors vous aurez l’autorité morale pour venir des leçons sur la gratuité à la planète entière. Tant que vous n’aurez pas joint l’acte à la parole, votre article reste de la récupération démagogique, vous gagnerez en capital sympathie auprès du peuple, mais un capital sympathie construit sur de la fraude morale.”

[La république des livres]

Une réponse sur « Le billet perdu de Pierre Assouline »

C’est tout à fait dommage qu’il l’ait supprimé. Il aurait du au contraire le garder, en reconnaissant que c’est un canular, et rebondir dessus pour poursuivre le débat. D’autres se sont fait avoir (le journaliste de PcInpact), et l’ont tout simplement intégré dans le débat aussi.

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