Avec tous ces flux dans tous les sens, on s’y perd un peu dans l’Internet. Il devient compliqué d’être sûr de suivre avec attention l’actualité en général, ou les sujets qu’on préfère. Une solution est apparue simplement : le retour à l’email. Ça fait quelques temps que se multiplient les newsletters. Elles ont l’avantage d’arriver directement dans la boîte, elles peuvent être de niche et elle s’abstraient des flux divers.
Si les newsletters ne sont pas nouvelles dans beaucoup de médias traditionnels, ils ont accéléré la cadence. On en compte 56 sur le site du New York Times. En juin 2014, David Carr, feu chroniqueur média dans le même journal évoquait le réveil de ce moyen de communication. Outre le fameux Playboook de Politico, incarné par une plume, il citait pêle-mêle la newsletter de Quartz, Medium ou The Atlantic. Un an plus tard, c’est Lena Dunham qui lance une newsletter focalisée sur le féminisme : Lenny Letter. En mars 2016, elle affichait déjà 400 000 lecteurs, avec un taux d’ouverture de 65%. Plus récemment en France, on peut noter l’arrivée de Brief.me, récap’ quotidien de l’actu ou de Quoi de meuf sur le féminisme.
Il y a quelques mois, j’ai donc lancé ma propre newsletter : le Panier à salade. Imaginée notamment avec Camille Polloni et inspirés par celle du Marshall Project, le Panier propose une sélection hebdomadaire d’articles sur l’actualité police-justice. De la curation, comme on dit, vers les meilleurs articles identifiés sur le sujet.
Dans les discussions que j’ai eu avec des gens, je me rends compte que la technique derrière ces newsletters est souvent méconnue. Ces newsletters sont la plupart du temps envoyées par Mailchimp, leader dans le secteur. Il existe également TinyLetter, une version simplifiée, créée par la même entreprise. Mailchimp, qu’on utilise pour le Panier à salade, insère dans les newsletters un petit pixel et des trackers de liens qui permettent d’en apprendre plus sur les lecteurs.
Pour chaque lecteur, on peut ainsi savoir s’il a bien reçu la lettre, s’il l’ouvre, quand il l’ouvre, combien de fois il l’ouvre (si le nombre est démesurément grand, cela peut signifier qu’il l’a faite suivre à ses amis) et sur quel lien il clique. Bien sûr, quand on a 260 abonnés comme le Panier, c’est plus simple de faire du micro-management. De vérifier quel ami inscrit a cliqué sur quoi. «Pourquoi tu ne lis jamais ma newsletter ?» C’est plus complexe quand on a 2 600 abonnés, mais ce but n’est pas encore atteint.
Avec plus d’abonnés, on peut faire plus de choses pour répondre au mieux à leur envie : tester un titre sur une petite partie des destinataires avant de l’envoyer à tout le monde, envoyer automatiquement un mail à tous ceux qui n’ont pas ouvert récemment la newsletter pour vérifier qu’elle n’est pas tombée dans leurs spams, analyser les liens les plus cliqués ou d’autres. Il ne faut pas oublier que les newsletters et les technologies développées autour de cet outil servent avant tout aux marques pour vous faire revenir sur leur site et vous faire acheter.
NB : les newsletters que je lis ces jours-ci sont Quoi de meuf, Data is plural, The Marshall Project ou encore Lagniappe