« On se souvient tous… »
Je me souviens ce que je faisais quand j’ai appris pour les deux tours. De la même manière que je me souviens ce que je mangeais quand on m’a annoncé le décès de mon grand père. Je revenais du lycée. Premiers jours de l’année, découverte du bâtiment, découverte des professeurs, des camarades de classe. Il devait être un peu plus tard. Je suis rentré chez moi. J’ai branché la radio. Et puis mon émissions habituelle m’expliquait qu’il n’était plus temps de rire. Que l’actualité l’empêchait. Que c’était trop grave. Alors j’ai couru dans le salon, j’ai branché la télé. Et je vois les avions, les tours.
Le lendemain, minute de silence en cours d’anglais. Je la perturbe d’un pouffement. Et vous ? Aux États-Unis au moins, tout le monde connaît quelqu’un mort ce jour-là.
À l’ombre des tours mortes
À la place, on pourrait raconter l’émotion de « In the shadow of no towers« . La douleur qu’à le dessinateur à trouver la méthode idéale pour reproduire cette architecture de métal en fusion, se tenant encore ténuement dans une rougeur éblouissante. Sa difficulté à le reproduire en dit nettement plus que le souvenir de ma grand-mère sur ce qu’elle faisait.
L’homme qui tombe
On pourrait aussi penser à ces gens qui ont sauté. Eux, lorsqu’ils ont vu le danger arriver, ils ont préféré sauter, fuir. Eux savent très bien où ils étaient quand l’avion a frappé la tour. Ils ne s’imaginaient pas au dernier étage de la tour, ils y étaient. L’image choque encore. L’homme en question aurait sauté à cause de son asthme qui l’aurait de toute manière fait mourir dans la fumée. Alors, on saute.
Please Call
On pourrait penser à tous ces gens accrochés à leur téléphones. On se rassure pour ses proches, on s’inquiète. On transmet la nouvelle. Wikileaks avait partagé les données de tous ces pagers. Des mots clignotent, reviennent, s’intensifient. Appelle-moi s’il te plaît.
On trouvera toujours des histoires plus intéressantes que mon micro-trottoir.