Ces nouveaux acteurs se développent dans les plus grandes villes et il est parfois un peu compliqué d’en savoir plus sur eux, au delà de la communication léchée et des nombreuses publicités. Quelques pistes pour en savoir plus…
J’ai réalisé pour la Gazette des communes quelques articles sur l’arrivée des « dark stores » dans les plus grandes villes. L’occasion de partger quelques pistes pour mieux comprendre ces nouveaux acteurs et suivre leur installation.
Cartographier les implantations
L’Apur, l’atelier parisien d’urbanisme, a réalisé une cartographie des commerces-entrepôts en février dernier. Les responsables de l’étude m’expliquaient qu’ils avaient dû demander de l’aide à l’ensemble des salarié·es pour identifier et confirmer les installations. Les entrepôts ont parfois des vitrines aveugles, sans logo. Les allers-et-venues des livreurs sont néanmoins un bon indice.
Les installations immobilières sont d’ailleurs un bon angle pour réaliser une telle cartographie. Les agences affichent fièrement les transactions pour ces entrepôts avec une belle superficie, comme Conseil et développement en région parisienne ou Virtuo, dans les Bouches-du-Rhône. Les différents établissements sont également listés par le répertoire Siren (pour Gopuff, Getir, ou Gorillas, par exemple).
Interroger des gens : livreurs, client·es et riverain·es
Marius Rivière, qui a écrit il y a quelques semaines un article pour Marsactu sur le phénomène à Marseille a relevé sur Google Maps quelques plaintes de riverains et a interrogé des livreurs qui sont satisfaits d’être « bien traités », « à 35 heures par semaine » avec « la Sécu et deux jours de congés par semaine ».
« J’ai découvert Gorillas grâce à une promotion sur les réseaux sociaux et j’en suis entièrement satisfaite. Les produits sont pratiquement au même prix que dans les boutiques en bas de chez moi », témoignait une cliente auprès d’Aurore Gayte pour Numerama, qui s’est également glissée dans les habits d’un livreur pendant quelques semaines.
Suivre le lobbying des entreprises
Comme de nombreux secteurs, les acteurs de « quick commerce » entrent en contact avec des décideurs locaux ou nationaux pour défendre leurs intérêts. Autant d’actions sur lesquelles on peut faire un peu de transparence.
Gorillas a ainsi rejoint le portefeuille du cabinet de lobbying Boury Tallon. Le cabinet a défendu les intérêts de l’entreprise dans le cadre des Assises du commerce, apprend-on sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Le cabinet Lysios a travaillé dans le même cadre pour le turc Getir, poussant une convention collective spécifique ou des modifications dans le code de l’urbanisme. Et Cajoo a fait de même, par ses propres moyens et avec l’aide d’Euros / Agency.
On retrouve également Gorillas dans le listing des rencontres avec les élu·es parisien·nes, seule ville à faire ainsi la transparence sur ses rencontres avec les lobbies. Mais des demandes de documents administratifs peuvent permettre d’en savoir plus, comme je l’ai fait pour la Gazette des communes, récupérant notamment un document envoyé par Gorillas ou des mails échangés avec Flink.
N’hésitez donc pas à demander les documents communiqués par ces entreprises et à saisir la Cada si les collectivités ne vous répondent pas !
Rendre compte du « matraquage » publicitaire
Pour ces entreprises, l’important est d’avoir la base d’utilisateur·ices la plus large possible, et donc de multiplier les publicités et les réductions. On peut retrouver dans la bibliothèque de publicités de Facebook quelques traces de ces nombreuses publicités.
Voilà quelques pistes parmi d’autres ; la liste est forcément incomplète. N’hésitez pas à commenter ou m’envoyer vos remarques !