Le film « The Imitation Game » raconte l’histoire d’Alan Turing. Alan Turing s’est suicidé un an après un traitement de castration chimique imposé par un juge car il était homosexuel. Il fut pardonné le 24 décembre 2013 par la reine Elisabeth II. Bien sûr, le film ne balaie pas d’un revers de main l’homosexualité de M. Turing, mais il ne la montre pas.
Pendant le film, celui-ci le clame haut et fort plusieurs fois. Il montre l’amitié très forte qu’il lie avec un camarade de classe, lui écrivant « I LOVE YOU » sur un petit papier. Il montre aussi le scientifique demander la main d’une femme. Il évoque à voix haute une pratique sexuelle – en l’occurence tenir un pénis – et la leçon finale du film hollywoodien nous explique combien il n’est pas gentil de maltraiter les gens en fonction de leur sexualité.
Et pourtant, pas une seule fois le film ne montre l’homosexualité. Alan Turing y est l’homosexuel parfait, puisqu’il est l’homosexuel invisible. Il ne nous impose pas ses bisous entre hommes dans le parc, ou ses nuits de folies. C’est une homosexualité présentable puisque seulement intellectuelle. Le film montre pourtant des flirts hétérosexuels, mais pas une seule fois une main d’homme touchant la main d’un autre homme.
L’actualité récente montre à quel point l’homosexuel ne nous dérange pas, tant qu’il reste invisible. Photographier un week-end entre deux ministres en une de Paris Match, pas cool, mais évoquons le, écrivons des articles ! Dévoiler un bout de la vie privée de l’homme politique le plus invité de toutes les télévisions ? Ce n’est pas classe. Surtout n’en parlons pas, ou alors de manière détournée ! Des réactions qui en disent « long sur le degré d’homophobie de notre société, qui voit dans l’homosexualité un caractère de dévalorisation de l’homme public » commente Léa Forestier qui a défendu l’auteur du livre évoquant la sexualité de deux cadres du FN dans le Nord.
Des homosexuels, pourquoi pas, mais surtout que ça ne se voit pas.