La formation des militants est une des priorités lors de ces Universités d’Été, comme son nom l’indique. Ainsi, des conférences sont organisées régulièrement. Parmi les analyses du programme de l’UMP, de celui du Front National ou des ateliers plus pratiques pour utiliser Twitter, la conférence donnée par Denis Bertrand, « La politique en chantant » s’intéressait à ces moments trop rares ou la chanson se mêle à l’action politique. Parsemées de multiples vidéos et extrait musicaux, elle permet de saisir à quel point le talent n’est pas toujours au rendez-vous.
Tout commence par la Marseillaise. Les militants dans la salle sifflent Mireille Mathieu depuis la Concorde, huent Jean-Marie Le Pen et finissent par applaudir les rythmes reggae de Gainsbourg.
Après l’hymne, sont diffusées les chansons officielles ou de soutien. Chirac pour Paris nous raconte comment « la Seine ne charriera plus de poissons morts ». Puis surgit Mitterand Président, aux assonances heureuses, suivi par un soutien zouké à Jean-Marie Le Pen pour finir sur une reprise-hommage à François Bayrou, chantée par un certain K-Bayrou.
Il est moche, mais c’est le nôtre
Après ces quelques soutiens aux rythmes variés, suivant « l’air du temps« , le conférencier flatte l’audience en évoquant les chansons officielles du Parti Socialiste pendant ces dernières années. Le chant du Centenaire commandé par François Hollande en 2005, l’hymne officiel de Ségolène Royal en 2007 et « Il est temps », la chanson du Parti Socialiste commandée par Martine Aubry qui résonne dans la salle de la plénière de l’Université à la moindre occasion, provoquant un frôlement d’énervement chez les personnes présentes.
Alors que les chansons résonnent, les militants font éclater leur enthousiasme. Qui applaudit et reprend en coeur la chanson de Ségolène Royal, qui hue celle-ci, qui tape le rythme de la chanson du PS. Ces chants semblent un vecteur identitaire et font penser à une phrase de militante écologiste entendue à Clermont-Ferrand sur un tout autre sujet : « Il est moche, mais c’est le nôtre« .
Lip-dubs
Parmi ces évocations musicales, deux instants particulièrement « web » avec la diffusion du lip-dub d’Europe Écologie, puis celui des Jeunes Populaires, soutenu par une salve d’applaudissements moqueurs.
Politique chantant
Après une évocation de l’opéra chantonné par Georges Frêche dans sa voiture sont diffusés des extraits de politiques prenant le micro. On se souvient de Nicolas Sarkozy dans Thé ou Café fredonnant Johnny Hallyday, on découvre Silvio Berlusconi reprennant Pigalle, ou Le Pen déclarer qu’il ne regrette rien avec l’air d’Édith Piaf. Ensuite, Vladimir Poutine chantonne dans une soirée, sous les yeux amusés de Gérard Depardieu, Alain Delon et de nombreuses autres stars épatées. Puis, passant à la gauche, on retrouve Noël Mamère au bord d’une piscine, Arlette Laguiller consolant son « P’tit Loup » et Lionel Jospin faisant un lapsus révélateur pendant qu’il reprend les Feuilles Mortes puisqu’il déclare « Moi qui m’aimait… »
Pour finir, Bernard Tapie raconte comment « Réussir sa vie » avec des accents de Herbert Leonard.
Réussir sa vie
(…)
C’est de gagner en bourse
Comme on jouait aux billes
Chansons d’espoir
La dernière partie est consacrée à deux chansons, représentant l’espoir. Elles ont pour autre point commun l’intrusion d’un véritable artiste au côté de l’homme politique. Barbara qui invite à regarder l’homme avec une rose à la main. Quant à will.i.am il reprend les mots du candidat Obama dans son célèbre discours du « Yes We Can« .
Oh, ma patrie ! Si belle et si perdue !
Enfin, en guise de conclusion, Denis Bertrand évoque un moment de l’histoire italienne, où, à l’occasion des célébrations pour les 150 ans de la réunification de l’Italie, se donne l’opéra Nabucco, en présence du maire de Rome et de Silvio Berlusconi. Juste après l’air du Choeur des Escalves, Va Pensiero, qui évoque la situation de l’Italie avant la réunification, la salle se lève et demande un bis.
Peu habitué à ce genre de familiarités, le chef d’orchestre, Ricardo Mutti, décide, vu l’état de l’Italie, d’accorder ce bis en plein opéra. Et de se retourner pour faire chanter la salle, qui reprend en choeur ce symbole de l’Italie réunifiée. Saisissant.
Une réponse sur « En chantant ! »
A savoir que Va pensiero est l’hymne de la ligue du Nord (mouvement régionaliste, séparatiste et xénophobe). Le combat de la ligue du nord pour en faire l’hymne italien y est très médiatisé. La reprise de ce choeur est symboliquement complexe…