Évidemment, il est toujours un peu imprudent d’aller à contre-courant des bonnes intentions, de critiquer des choses qui ne semblent pas critiquables. Cependant, ce que m’inspirent toutes les initiatives prises sur twitter, les conseils en tout genre ou les véritables « to-do du soldat » c’est que tous ces gens cherchent une représentation concrète de leur indignation. Parce que c’est bien beau de regarder une jeune femme crever sur le pavé, de se dire choqué, mais pour l’instant qu’est-ce qui différencie la personne qui voit cette femme morte à la télé, sur Facebook ou via twitter ?
À la télé, ça va tellement vite qu’on a le temps de passer à autre chose, il y a toujours une autre image du même genre. Et elle est mélangée au milieu de fictions qui la rendent tellement overrated.
Sur Facebook, on voit la vidéo, on adhère au groupe, on met un statut « En mémoire de la jeune femme morte » et voilà, en trois clics, on a l’impression d’avoir aidé. C’est d’ailleurs ce qui a caractérisé la catastrophe aérienne. Les gens se sont inscrits en masse à des groupes de soutiens ça-et-là. Je suis persuadé que si Facebook avait existé au moment du tsunami, il n’y aurait pas eu toutes ces sommes versées aux associations. Les gens se seraient contenté d’adhérer à la cause « Contre les tsunamis » ou « Soutien aux victimes du tsunami ». L’indignation sur Facebook est simple comme un clic.
Sur twitter, on peut re-tweeter pour marquer son soutien, mais on nous a dit que ça peut être dangereux. Alors que faire. Ah oui, important, mettre son avatar en vert ! Se géolocaliser à Téhéran. Et suivre toutes les recommandations. Je pense que toutes ces préconisations ne sont que des moyens un peu plus complexes qu’un re-tweet . Twitter peut effectivement servir aux Iraniens pour transmettre des messages, il peut nous servir à nous informer. Mais ça m’agace qu’il devienne un immense centre d’indignation collective. Parce que l’indignation ne vaut que lorsqu’elle est sublimée en actions. En vraies actions.
Je vous laisse avec une vidéo. Un soir, des gens qui crient « Allah akbar », un poème. Un autre témoignage.
Poem for the Rooftops of Iran – June 19th, 2009
Une réponse sur « Indignation 2.0 »
Très bel article monsieur.
Si tu es aussi fort sur la scène que sur ce blog, alors il faut que je mette Brognardises à mon menu de la semaine prochaine. 🙂